il n'avait pas construit dans les années 60 une caravane pour ses propres vacances, Constant Rousseau aurait peut-être poursuivi son activité dans la seule menuiserie pour le bâtiment. Mais le développement des congés payés a bouleversé l'orientation et la société RAPIDO répond depuis 50 ans à la demande des utilisateurs de véhicules de loisirs. Pendant 30 ans, RAPIDO a d'abord été le spécialiste d'une caravane pliante extensible
unique, construite à 35 000 exemplaires.
Depuis les années 80 et à ce jour, le catalogue est rédigé en 11 langues diff érentes et près de la moitié de la production est exportée. RAPIDO est devenu, grâce à Pierre Rousseau, succédant à son père, successivement l'un des leaders de la caravane surbaissée puis du camping-car haut de gamme.
Si les temps ont changé, la philosophie demeure : le souci du travail bien fait.
La dernière décennie, caractérisée par l'accélération
des avancées technologiques et par un marché
qui résiste bien à la crise, est pour moi l'occasion
de marquer cette année 2011 comme la date
anniversaire des 50 ans de la marque RAPIDO.
Un demi-siècle à entreprendre, à progresser,
dans un monde en forte mutation où créations et
disparitions d'entreprises et de marques ont été
sans précédent, où concurrence et mondialisation
laissent peu de place à l'approximation. Il était bon
et temps de relater, au travers d'images et textes de
cinquante années passées, l'histoire de ma famille
et, bien sûr, celle de RAPIDO.
lus les années passent, plus il est difficile de se rappeler
ce que nous étions avant. Le temps présent nous absorbe au point qu'il ne nous laisse pas toujours profiter des expériences passées : j'ai donc voulu, avant qu'il ne soit trop tard, avant que les documents anciens ne se perdent, matérialiser ces 50 ans d'une
extraordinaire aventure. L'entreprise s'est étoffée, ses domaines de compétences se sont diversifiés, elle fait appel à toujours plus de collaborateurs, de fournisseurs, de conseils, de clients, de distributeurs, qui, pour la plupart, ne connaissent que l'actualité de
notre société et souvent, à juste titre, se demandent : « Comment en sont-ils arrivés là ? ». Ce livre sera le moyen de répondre à leurs questions. Je pense aussi, bien sûr, à ma famille et à mes enfants qui n'ont pas eu le plaisir de connaître leur grand-père. Beaucoup n'ont pas la connaissance exacte du début de l'entreprise, a fortiori, les générations futures. Quel souvenir indélébile que ce livre !
L'origine de la société RAPIDO est l'esprit de créativité que possédait mon père, intelligent, communicatif, ingénieux. Il était sans cesse à la recherche d'idées, de nouvelles méthodes de fabrication. À peine le produit terminé, il pensait déjà à le faire évoluer, à l'améliorer. Le goût du produit, je crois qu'il a su me le transmettre, il m'a aussi permis de me réaliser dans de nombreux projets. RAPIDO, c'est aussi le goût du travail bien fait : rien ne doit être laissé au hasard : la recherche de la qualité, voire de la perfection, a toujours été un projet partagé.
La satisfaction du client étant « clé de la réussite » hier comme aujourd'hui, la recherche du contact, le dialogue, ont fait progresser les produits. En anecdote, je me souviens de ces nombreux repas organisés par
ma mère afin de recevoir nos clients, avec eux mon père discutait et faisait continuellement évoluer son produit.
exigence à l'égard de nos collaborateurs et salariés nous a permis d'avoir les meilleurs. Par leur engagement, leurs
compétences et leur fi délité, nous avons pu constituer une solide équipe à laquelle je tiens particulièrement. La réussite de RAPIDO, c'est aussi leur succès. Pour résumer : un goût du défi , où tous les hommes de l'entreprise ont mis la barre très haut. Partis d'une caravane pliante à vocation populaire, nous avons su nous hisser malgré les crises et devenir un fabricant de véhicules de loisirs haut de gamme reconnu dans toute l'Europe. « Un grand défi ». Le 3e millénaire est commencé, il est fort probable que rapidement tout ce que nous avons construit et entrepris deviendra obsolète. Nous avons la capacité d'évoluer, de changer et de progresser. L'écoute des
clients, la mobilisation des hommes, le goût du travail bien fait, nos valeurs, devraient nous aider à affronter ce nouveau défi ;
il reste tant à faire !
«Artiste, il l'était. Ingénieux aussi. Mais par-dessus tout, jovial». C'est ainsi que Pierre Rousseau évoque son père, sans tarir d'éloges et d'admiration. Les traits de Constant Rousseau nous deviennent alors plus familiers, comme un proche, un ami. Constant Rousseau est né le 25 février 1920 à Châtillon-sur-Colmont. De son père, il ne conservera aucun souvenir (celui-ci est décédé trop tôt). De sa mère qui disparaîtra à ses sept ans, Constant Rousseau gardera un parfum, un sourire et surtout le désir de « faire du beau pour tout le monde ». Dès lors, Constant ira vivre chez son oncle, Constant Mottin, bourrelier à Oisseau-le-Grand, à quelques kilomètres seulement. À cette époque, les chevaux sont encore nombreux et l'odeur du cuir imprégnera les souvenirs de l'enfant. Son goût des belles matières prend naissance ici, dans ce petit atelier. Interne à l'école du Sacré-Coeur, à Mayenne, il obtient son certifi cat d'études supérieures, en juin 1934. Son oncle et tuteur, pressentant la réduction des besoins en matière de sellerie, l'oriente vers l'ébénisterie.
onsieur Moriceau, ébéniste, l'accueille dès le 1er juillet 1934 pour son apprentissage déterminant pour la suite des événements. Les ateliers sont proches, les hommes se connaissent bien.
C'est en mars 1938 qu'il part à Meslay-du-Maine pour apprendre la sculpture, puis chez Monsieur Berthault à Fougères. Mobilisé le 7 juin 1940, il rejoint le camp de jeunesse de Caderousse près d'Orange, où il sculpte mettant en oeuvre tout son savoir-faire. En 1946, c'est
en qualité d'ébéniste qu'il part exercer à Paris, dans l'atelier de Monsieur Braun, sculpteur de son état, rue de Charonne dans le XIe arrondissement.
C'est le temps des petites chambres au dernier étage. Afin de parfaire ses connaissances et sa technique, Constant Rousseau s'inscrit à l'Ecole Boule. Un jour, son appartement est dévalisé. Découragé et sans le sou, il rentre au pays. Constant Rousseau se marie le 28 avril 1948, avec Claire Côme dont le père est cordonnier à Châtillon-sur-Colmont.
Sa vie est désormais tracée entre sa femme qui l'aide et le soutient, et son atelier d'artisan. C'est dans le village qui l'a vu naître qu'il s'installe ébéniste d'art. Meubles sculptés, figures bretonnes ou christiques, sa gouge et son ciseau à bois font merveille. Constant Rousseau est un homme de contact, curieux et persévérant. Il s'applique à donner vie à ses sculptures et communique aisément sa passion des belles choses.