e souci du détail
Constant Rousseau veut réaliser des produits accessibles à tout le
monde mais sans renoncer à son souci du détail et de la chose bien faite. Il imagine déjà des RAPIDO partout dans le monde. « Pour
Monsieur Rousseau, on pouvait toujours faire mieux » se souvient André Garnier, entré chez RAPIDO comme ouvrier en 1963 et qui a
fait une grande partie de sa carrière comme prototypiste. « II avait le souci de la finition et de la qualité », poursuit-il. Nous utilisions des vis en laiton et les têtes devaient être parfaitement en ligne. Monsieur Rousseau était très proche de nous, « lorsqu'un problème se posait, il prenait sa planche à dessin pour trouver la solution ». Pendant l'année 1965, les parois sont réalisées en placage d'acajou verni. Ce sont les dimensions des feuilles de contre-plaqué qui ont déterminé celles du modèle. Il faut alors 120 heures de travail pour réaliser une caravane, un temps qui sera presque divisé par quatre lors de la fabrication en série des derniers exemplaires un peu moins de trente ans plus tard.
Le premier salon du Bourget
RAPIDO est présent au salon organisé pour la première fois par la CNCC (Chambre Nationale des Constructeurs de Caravanes) en mars 66 sur l'aéroport de Paris le Bourget. Un salon international d'une surface de 15 000 m2 ! La caravane est alors en pleine expansion, avec 22 000 immatriculations dans l'année et un parc estimé à 160 000 unités. (Ce chiffre n'inclut que les modèles dépassant 500 kg.)
Un montage plus simple qu'il n'y paraît
Dès les débuts de la caravane RAPIDO, Constant Rousseau, dans les foires, fait la démonstration du montage ou du démontage de la RAPIDO en moins d'une minute. Ces manoeuvres spectaculaires attirent une foule de curieux et... quelques acheteurs. En assistant à un montage, on constate que celui-ci s'effectue en deux temps trois mouvements. Avec de l'entraînement, l'opération devient aisée pour l'utilisateur qui réalise le montage en moins de 5 minutes, plus 5 autres minutes pour l'aménagement intérieur.
Ce délai de montage est largement compensé par le gain de temps sur la route. Il suffit d'un peu de méthode et de suivre la notice détaillée qui est fournie aux acheteurs. Avec ses 495 kg en charge, la petite RAPIDO n'est donc pas prise en compte. Elle ne figurera d'ailleurs que très tardivement dans les statistiques lorsque la gamme s'enrichira de modèles pesant plus de 500 kg. Mais revenons au salon du Bourget. « Nous venions de terminer les trois caravanes que nous devions exposer », se souvient André Garnier. « Il était déjà 16 ou 17 heures, lorsque nous étions prêts à partir. Il y avait Monsieur Rousseau, Monsieur Mottin et moi-même avec mon Ami 6, chacun tractant sa caravane. Il fallait se suivre et arriver au salon avant minuit, heure limite fixée pour installer les stands. Je n'étais pas fier car Monsieur Rousseau connaissait très bien la route et roulait vite. Je me fiais à ses clignotants sans trop me préoccuper des feux tricolores. Ce qui devait arriver s'est produit : j'ai grillé un feu rouge et je fus arrêté par la police. Monsieur Rousseau est intervenu et avec diplomatie m'a tiré de ce mauvais pas ! » Lors de ce salon, trois caravanes seulement furent vendues et deux des clients se désistèrent !
Un marché en plein essort
De 1960 à 1970, la caravane explose littéralement. La production annuelle française passe de 10 000 à 55 000 unités. Au début de la décennie, on ne compte pas moins de 70 fabricants, une dizaine d'importateurs et
9 marques de caravanes pliantes. En octobre 1962, le salon de la caravane qui se tient dans le cadre du salon de l'automobile émigre du
Grand Palais en plein centre de Paris à la porte de Versailles. Des sociétés importantes s'intéressent à la caravane. Exemple, SUD-AVIATION, le constructeur des avions CARAVELLE lance, en 1962, la marque de caravanes CARAVELAIR. Durant cette décennie, la production annuelle des RAPIDO passe de 10 à 500 unités.
Un homme de coeur
André Garnier tient à évoquer les qualités de coeur
de son ancien patron, prenant part à la peine de ses ouvriers. Il se souvient aussi de son entrain, de sa gaieté. Joueur de clarinette, il est un boute-en-train qui n'a pas son pareil pour animer les fêtes.
Clients revendeurs
Les premiers revendeurs se recrutent parmi les clients. Enthousiasmés par le produit, ils s'en font les démonstrateurs effi caces dans leur région. Ce sont des dépositaires qui perçoivent une commission sur les ventes. En 1968, la marque compte une dizaine de dépositaires répartis dans toute la France à Marseille, Paris, dans le Pas-de-Calais, à Tarbes, Angoulême, Roanne, Dijon, Metz, Rochefort-sur-Mer, Lamballe, Rouen et Le Mans. De 30 unités vendues en 1964, les ventes passent à 250 en 1967 et 500 en 1969.
Un tournant décisif
L'année 1969 constitue un grand millésime pour RAPIDO. Les charnières « piano » qui risquaient de laisser passer la pluie sont remplacées par des charnières « tête de cheval » conçues selon le principe de celles des portières 2 CV Citroën. Pour la première fois, elles sont développées en aluminium par la société ALCAN alors que sur la 2 CV, elles sont en tôle pliée. Cette année-là, le toit et les embouts en contre-plaqué marine sont recouverts de tôle aluminium de 3/10 mm d'épaisseur. C'est l'époque de la standardisation et des premières séries. « On faisait des gabarits dans des lames de suspension de camion », se souvient aussi Joseph Garnier, frère d'André et responsable de l'atelier métal...
rimée à Paris et Bruxelles
En 1971, la RAPIDO est présentée à différents salons des inventions. Petite sur la route, spacieuse à l'étape, elle fait la conquête des jurys par son ingéniosité et ses astuces. À Paris comme à Bruxelles, elle reçoit les plus hautes récompenses. À Paris : le 1er prix au concours Lépine, la médaille d'or de la ville de Paris et le prix du Président de la République. À Bruxelles : le Grand Prix et la Médaille d'or au Salon International des Inventeurs.
Les lauriers vont de pair avec une augmentation rapide des ventes : 736 exemplaires en 1971. En 1985, l'AJP (Association des Journalistes de Plein-air) décerne son Oscar à la société RAPIDO pour la qualité de sa fabrication, son service aprèsvente, ainsi que son dynamisme à l'exportation.
D'autre part, le Randonneur 740 sera élu « camping-car de l'année 1998 » par les lecteurs de la revue « Le Monde du Camping-car »